Nous avons déjà un petit aperçu de ce qu’il adviendra quand les abeilles auront disparu. Ça se passe en Chine dans la province du Sichuan. Explications :
Dans les années 1980, les paysans locaux se sont lancés dans la culture intensive des poires, plus rentable que leurs cultures traditionnelles. La culture intensive a provoqué une prolifération de parasites (pucerons, poux de la poire et araignée rouges). Pour sauver cette nouvelle activité la réponse a été l’utilisation de pesticides de manière aussi intensive que la culture des poires… jusqu’à la disparition complète des pollinisateurs.
Les apiculteurs après avoir constaté la disparition de leurs essaims refusent maintenant de laisser des abeilles à proximité des vergers traités à grand renfort de pesticides.
Sans les pollinisateurs naturels que sont les abeilles, les rendements des vergers se sont écroulés obligeant les exploitants à mettre en œuvre une solution de remplacement : la pollinisation des fleurs de poiriers à la main de l’homme !
Le pollen est récolté sur des poiriers plus précoces, mis en pots que les « pollinisateurs humains » portent accrochés au cou, puis déposé délicatement sur les fleurs des autres poiriers à l’aide d’une tige munie de plumes à son extrémité.
Aujourd’hui, avec l’augmentation du coût de la main d’oeuvre en Chine, ce modèle économique atteint ses limites. Il devient trop coûteux de polliniser à la main, mais comme les pesticides sont toujours présents en masse c’est la production même des fruits qui est remise en cause.
On n’a encore aucune visibilité sur la fin de ce cercle vicieux et en attendant, au Sichuan, les hommes continuent à se prendre pour les abeilles qu’ils ont fait disparaître.